barre_HLM_quartiers_sud_Avignon_by_Js84HLM. Trois lettres qui portent en elles une triste réputation, celle qui amène à l’esprit l’image d’un ensemble d’immeubles en forme de barres et de tours déposés orthogonalement n’importe où pour former un zoning peu sûr où il ne fait pas bon vivre. Référence toute française, aussi. En Belgique on ne parle pas d’HLM, cette maladie française de tout résumer en trois ou quatre lettres n’est pas trop ancrée chez nous A l’origine, pourtant, l’idée était généreuse. HLM, Habitation à Loyer Modéré : permettre à chacun d’avoir un droit à un logement décent pour un prix modeste si les revenus sont faibles.

Initialement, HBM (habitat bon marché), les habitations à loyer raisonnable prennent l’appellation HLM au lendemain de la guerre. Si cette nécessité de reconstruction rapide s’avère, en Belgique aussi, une nécessité, la France prend globalement le parti de reconstruire en dehors des centres urbains les nombreux logements HLM au lieu de les fondre dans la ville dont les centres sont, historiquement, les noyaux de la vie populaire. Systématiquement, la France va fièrement créer une banlieue populaire hygiénique, neutre, froide, triste, hors de la ville. Les locataires n’habiteront plus la cité mais les cités, nom donné aux groupements de barres et de tours, facilement repérables et identifiables. « Les limites d’une cité sont les zones d’encerclement facile par les patrouilles de police » me disait un maire. L’urbanisme est devenu un métier de ministre de l’intérieur plutôt que celui d’un sociologue.
Pourquoi hors des villes, pourquoi du béton, pourquoi des barres, tours, identiques de Toulouse à Metz, de Marseille à Calais ? L’excuse, c’est qu’il faut aller vite, il y a un criant manque de logements, la guerre a détruit des villes entières, il faut standardiser à l’extrême. Le béton, c’est facile, la répétition aussi. Puis c’est moderne. La banlieue se divise en sous-ville, chacune avec son supermarché, son parking, son arrêt de bus et son école.

Quartiers_sud_Avignonnais_by_Gx327On instaure des normes (surfaces, équipement, …) et les architectes qui n’utilisent pas encore l’informatique ni même la photocopieuse s’économisent tristement en répétant.

Les années ont passé. Déjà, les premières cités ont vieilli. Le confort n’est plus vu de la même manière. Le centre-ville a vieilli lui aussi mais il a mille ans et il est visité par des touristes, les cités ont trente ou quarante ans et sont redoutées par leurs propres habitants. On ne parle plus des cités que pour mentionner un incendie de voiture, un trafic de drogue, une tour qui saute…

Quand on me demande mon métier, je peux répondre « Je suis architecte » « aaah et qu’est-ce que tu fais ? » « J’essaie de concevoir et de réaliser des logements paisibles, écologiques, adaptés pour des habitants qui ont des difficultés sociales ou financières » « wouaaaw ! » ou bien dire « Je suis architecte » « aaah et qu’est-ce que tu fais ? » «des hlm » « oh… ça se construit encore, des trucs comme ça ? ».

 A suivre ...

 

Source des illustrations :
- « Une barre HLM des quartiers sud d'Avignon » by Js84 (Own work), 15/12/2013 17:13:24, Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license, commons.wikimedia.org
- « Dans les Quartiers sud Avignonnais » by Gx327 (Own work), 10/10/2015 08:23:23, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license, commons.wikimedia.org
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