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Depuis plusieurs années, la place de la femme dans la ville a fait l’objet d’études y compris en Belgique. Elles font état du genre de la ville, considéré comme masculin.

Pourquoi ?

Philosophes, architectes, concepteurs, urbanistes, constructeurs, gestionnaires, …
Seigneurs, hommes de guerre, d’état, d’église, …

street-name-male_nom_rue_masculinIls sont nombreux à avoir œuvré à l’édification et la transformation des villes. Plus ou moins profondément, leur empreinte s’y imprime : noms de rue, statues, fortifications, vespasiennes, gangs, ... Ce paysage peut être ressenti comme éminemment sexiste par les femmes. Les études d’un chercheur au CNRS, Yves Ribaud, ont montré que : « Les femmes ont une mémoire de la ville qui les amène à éviter certains trottoirs, certains endroits ».

L’urbaniste et activiste Audrey Noeltner, elle aussi, fait remarquer une telle banalisation de la situation que nous n’en avons plus conscience. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, les stéréotypes engendrés par le genre de la ville peuvent aussi générer un malaise chez les hommes.

Womenability, l’association qu’elle a co-fondée a mené une étude dans 30 villes dirigées par des femmes qui a mis en évidence les différences et permis de comprendre que la ville peut aussi être féminine. Elle a identifié des bonnes pratiques à travers des marches exploratoires : sensibilisation au harcèlement en rue, sanitaires propres et accessibles, cours de self-défense, fresques éducatives, activités sportives dans l’espace public, ouverture à des loisirs habituellement typés tel le skateboard, …

Suite à la prise de conscience de cette inégalité hommes-femmes, des initiatives voient le jour. Plusieurs villes espagnoles ont décidé de rebaptiser une série de rues. Elles puisent dans le vivier des femmes célèbres tant nationales qu’étrangères après avoir constaté le peu de place qui leur est réservé. Une démarche qui sera poursuivie avec en ligne de mire une meilleure répartition. Un choix qui fait école en Belgique … parfois.

Donc réfléchir à la ville de demain, c’est aussi réfléchir à la place qu’elle réserve aux femmes. Elle  varie de ville en ville, de quartier en quartier, avec des villes particulièrement ouvertes comme Montréal (Canada), Vienne (Autriche), Malmö (Suède). Faut-il y voir un parallèle entre l’agréable atmosphère qu’elles dégagent et la place réservée aux femmes ?

La politique urbaine doit davantage inclure les femmes dans des sphères aussi variées que la sécurité, la mobilité, l’accessibilité, la communication, le sport, l’espace public, …

Les concepteurs et les gestionnaires ne devraient-ils pas (et certains le font déjà) :

De son côté, Womenability va rédiger une « Charte internationale de la ville mixte » avec des propositions de solutions concrètes pour le bien-être des femmes et des hommes dans la ville.

Quel plus beau projet que d’œuvrer pour restituer à la ville une réelle mixité ?

Et qu’en est-il des personnes à mobilité réduite, des personnes âgées, des enfants, … ?

Quel plus beau projet que d’œuvrer à la cohabitation de tous ?

Et vous, vous en pensez KWA ?

 

Sources (remarque : l'article n'a pas pour objectif de s'arrêter sur la connotation engagée)
- « Femmes dans la ville : Audrey Noeltner chausse ‘les lunettes du genre’ », 31/05/2017, www.demainlaville.com
- www.womenability.org
- « La ville, une affaire d’hommes », 20/11/2014 14:32, www.lesoir.be
- « Le genre des villes : demain la ville des femmes », 12/11/2016, owdin.live
- « L’Espagne change le nom de ses rues en faveur de noms célèbres de femmes », 06/12/16, owdin.live
- www.charleroi.be et www.charleroi.be
- api-site.paris.fr (Guide référentiel - Genre & espace public de la Mairie de Paris)
- « Commission communale Femmes et Ville », www.liege.be
- « Genre et espaces publics », Virginie Tumelaire, mars 2015, Amazone asbl, Bruxelles Mobilité & Institut pour l’Egalité des Femmes et des Homme, db.amazone.be
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