Le béton est un matériau phare dans la construction. Le planetoscope du site consoGlobe annonce une utilisation annuelle mondiale de 6 milliards de m³. Rien d’étonnant à ce qu’il accapare toutes les attentions et qu’il suscite un maelstrom d’idées novatrices. 

Les quatre que nous avons sélectionnées sont extraites d’une curation en cours sur le béton circulaire. Intéressantes mais éclectiques, elles font l’objet de leur propre article.

Web-application

C’est une faille temporelle, un espace-temps à l’aube de la circularité où le surplus de béton frais d’un chantier devient un déchet. Une application en ligne s’y est faufilée.

Alors qu’il travaillait dans le secteur du transport pour la construction, le français Olivier Billa a pris conscience que la quantité de béton inutilisée sur chantier est importante. Lui vient l’idée de le récupérer pour le mettre en œuvre dans d’autres ouvrages. Encore faut-il faire correspondre l’offre et la demande. Le temps est compté. Pas question d’ajouter de l’eau au mélange pour en prolonger la durée de vie. Avec Ubeton, c’est possible. Tout le monde est gagnant : la centrale qui ne doit pas gérer ce futur déchet et l’acheteur qui bénéficie d’un prix concurrentiel.

L’année passée, le réseau de La FrenchTech, le mouvement français des start-up, a primé le projet présenté lors d’un programme de soutien à l’innovation. Il vise plus particulièrement un public professionnel mais l’accès aux particuliers n’est pas exclu. Anecdotique ou projet pérenne ? L’avenir nous le dira.

 

Drive-in

Une idée intéressante que celle de la société STNS : fournir du béton en libre-service via un distributeur automatisé accessible toute la semaine, dimanches et fériés compris. Le service et l’installation sont commercialisés sous le nom de Rapid’Béton. Le premier portique a ouvert à Saint-Etienne en 2022. L’expansion commerciale est un peu moins rapide que prévu (10 installations en 2022) puisque le prochain portique sera implanté à Joinville, à 400 km vers le nord, cette année.

L'offre s’est pourtant confirmée parfaitement adaptée aux attentes de sa clientèle. Destiné principalement à des particuliers et de petites entreprises, le système peut leur délivrer plusieurs types de mélanges de béton (plastifiant fluide normé, plastifiant humide, pour bordure), du mortier ou simplement des matières premières (sable, gravier) dans des quantités variant de 85 à 7000 litres. Le mélange prêt à l’emploi est directement coulé dans le conteneur apporté par le client.

 

Gradient fonctionnel

L’objectif de l’ingénieur allemand Werner Sobek est de réduire la quantité de matière nécessaire à la construction d’un ouvrage sans déforcer ses caractéristiques structurelles, une idée qu’il souhaite appliquer au béton.

Pour ce faire, une source d’inspiration : le squelette.

Partant du principe que notre squelette est très bien conçu, que la matière osseuse est là où elle doit être, de forme et de quantité conditionnées par les efforts qui s’y appliquent, il en copie l’idée sur les structures en béton. Voici le béton à gradient fonctionnel, conçu pour réduire la consommation des ressources et par là même l’empreinte écologique.

L’Institut pour la conception et la construction légères (ILEK – Université de Stuttgart) dont il est le président a mis au point le process au niveau :

  • du matériau → un mélange de sable et de liant organique;
  • de la méthode de fabrication → l’impression 3D.

Un prototype a été réalisé sous la forme d’une passerelle pour Les Utopies Constructives, un festival français d'expérimentation et d'innovation architecturale qui s’est déroulé en septembre 2022 (Richelieu - France).

 

Armature textile

Ne croyez pas que votre vieux jeans va servir d’armature au béton, il sera plutôt transformé en isolant. Mais il n’est pas interdit de penser utiliser du textile pour armer du béton. Il s’agira de matériaux bien spécifiques, techniques, fabriqués avec des fibres de carbone, du verre ou du basalte.

Pourquoi chercher une alternative à la traditionnelle armature métallique du béton ?

  • Pour en améliorer la longévité et réduire les coûts associés → le béton périt par ses armatures qui s’oxydent, gonflent et le font éclater. Il requiert non seulement un enrobage initial suffisant pour les protéger mais un entretien ultérieur pour garantir sa pérennité.
  • Pour consommer moins de matière et limiter l’encombrement ainsi que le poids → pour une même capacité portante, la dimension de la pièce peut être réduite … jusqu’à 80% selon le textile utilisé. Dans certaines applications, la pièce ne fait pas plus de 2 à 3 cm d’épaisseur totale, armée et stable.

C’est le sujet sur lequel se sont penchés les chercheurs et ingénieurs de la VUB, plus précisément du groupe de recherche Mechanics of Materials and Constructions (MeMC). Leurs expériences sur le béton armé textile ont démontré tout l’intérêt de la technique, applicable également à la préfabrication et à des travaux de restauration patrimoniale. Seul bémol, le coût du textile qui reste le frein principal à un usage généralisé mais la recherche continue et, comme les attentes envers un béton respectueux de l'environnement ne cessent de grandir, il trouvera certainement sa place sur chantier.

 

Autre article :

 

 

Sources :
- www.planetoscope.com
- « Avec UBETON, le béton n’est plus un déchet ! Interview décarbonée d’Olivier Billa », Denis Gentile, 10/11/2022, bati.zepros.fr
- « Saint-Étienne : et maintenant un drive... pour acheter du béton », Cyril Michaud, 25/04/2022, www.leparisien.fr
- « Un béton inspiré du squelette humain », 16/06/20222, www.lejournaldelarchitecte.be
- « Des ingénieurs de la VUB parviennent à couler du béton très fin avec une armature textile », 21/03/2023, www.circubuild.be
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