Pour ce bureau d’architecture dynamique, chaque projet est un nouveau défi : ils s’amusent, cherchent, trouvent des solutions les mieux adaptées, en toute confiance avec leurs clients. Pourtant l’Administration et la réglementation ne leur facilitent pas toujours la tâche.

C’est l’histoire d’un bâtiment d’architecte à Bruxelles. Il est inscrit sur la liste de sauvegarde et pourrait être classé.

 

La façade au rez-de-chaussée est en pierre bleue, aux étages, elle est enduite et dans un triste état. Beaucoup de détails sont en ciment comme les bâtiments de cette époque (seuils, croisillons, ...). Le propriétaire souhaite rénover. L’identité architecturale du bâtiment doit être conservée.

 

Tant qu’à refaire les enduits, autant en profiter pour isoler. Appliquer mécaniquement un isolant, lui-même enduit, évitera tout le décapage préalable qui aurait été nécessaire. Le client marque son accord. Une étude matricielle, complexe, est lancée pour optimiser les performances thermiques tout en gardant l’aspect de la façade. Tout un travail subtil se fait sur les épaisseurs de l’isolant qui, suivant la volumétrie des détails rencontrés, peuvent descendre jusque 2 cm. Le projet présenté à la Commission des Monuments et Sites reçoit un accueil favorable.

 

Mais ... il y a un mais, c’eût été trop beau ! L’intervention sur la façade dépasse 50 % de la surface, elle est donc assimilée à un bâtiment neuf et doit répondre à la même réglementation.

 

Quelle conséquence pour le projet ?

Un pont thermique = une amende

→ Le rez-de-chaussée ne peut être isolé compte tenu du matériau existant.

→ Le niveau de finition intérieure, très soigné (moulures, escalier en marbre adossé le mur, ...) ne permet pas une intervention par l’intérieur.

→ Chaque point d’ancrage de l’isolant constitue un pont thermique.

→ Certaines configurations architecturales, notamment au niveau des croisillons, ne permettent pas d’éviter le pont thermique si l’apparence doit être conservée.

Pourtant, le maître de l’ouvrage, toujours très motivé par son projet, reste confiant. Il est impatient de voir le chantier démarrer. La veille, il reçoit un courrier de l’IBGE l’informant que, compte tenu de toutes ces anomalies par rapport à la réglementation, il est susceptible de payer une amende de 50 000 euros. Une demande de dérogation peut bien évidemment être introduite mais une fois le chantier fini ! La douche froide !

 

Alors que doit faire ce propriétaire ?

→ Isoler sa façade et avoir des problèmes ?

→ Ne pas isoler sa façade et ne pas avoir de problème ?

Est-ce vraiment la finalité de la réglementation sur la performance énergétique des bâtiments ?

Des négociations sont entamées avec l’IBGE, le surréalisme de la situation mis en évidence. Une subtile interprétation des textes permettra d’éviter la catastrophe.

Outre cet exemple, combien d’autres bâtiments pourraient connaître la même mésaventure ? Quand c’est possible, ne vaut-il pas mieux isoler par l’intérieur sans toucher à la façade, discrètement, autrement dit sans le déclarer, pour éviter le piège réglementaire ?

 

Une telle démarche est-elle normale ou la réglementation doit-elle évoluer ? L’architecte Cruyt, lui qui a présenté ce projet lors la journée de ‘La rénovation durable’, se pose la question.

 

 

Source : Présentation de Monsieur Sébastien Cruyt, Ingénieur architecte, Bureau d’architecture Synergy International, lors de la journée de ‘La rénovation durable’, 22/03/2013, Salon Bois & Habitat, Namur