Thermographie_panneau_photovoltaique_by_Hugues_CREPINLors de la Journée Transfrontalière de l’Energie Durable 2013, il nous parlait d’hydroélectricité. En 2014, Monsieur Botman d’Energy Village aborde le sujet des installations photovoltaïques et de leur maintenance. « Aujourd’hui, nous dit-il, le photovoltaïque est une technologie à maturité. C’est un marché enfin plus normal où la qualité est reconnue ... tous les rigolos ont disparu. On voit maintenant que pas mal d’installations commencent à faire leur maladie. Cela devient un thème intéressant ! »

Fort de son expérience, il nous emmène à la découverte de cas déjà rencontrés lors de ses audits. Et ils sont nombreux, vous pouvez nous croire !

Les premiers problèmes proviennent de détails techniques mal étudiés ou de poseurs qui ont fait n’importe quoi. Quelques exemples en fixation :

  • la fixation est réalisée avec des vis trop courtes ;
  • sur une toiture en ondulé, la fixation est effectuée dans le creux de l’onde ;
  • des vis, qui ne sont pas inoxydables, ont déjà commencé à se corroder.

Les câbles ne sont pas en reste. Ils sont pincés, blessés et « raccommodés » avec de la toile isolante. Dans pas mal d’installations, d’ailleurs, rien n’a été fait au niveau de la mise à la terre. Le fil de terre n’est pas raccordé.

D’autres ont fait un mauvais dimensionnement au vent ou encore accentué la prise au vent par un positionnement inadéquat sur le toit.

Les panneaux eux-mêmes peuvent être défectueux : un défaut de fabrication, un vieillissement précoce, des contraintes mécaniques excessives ... tout simplement, le poseur qui a marché dessus ! Certains fabricants ou installateurs exigent de tester le panneau pour prouver le défaut. Un non-sens quand on sait qu’un flash test ou une thermographie coûte plus cher que le panneau proprement dit !

A noter aussi que la réglementation électrique évolue. Des installations qui ont été agréées en leur temps devraient être mises à jour, ou à tout le moins vérifiées, notamment au niveau du câblage interne dans les tableaux.

Il est intéressant de contrôler la manière dont  les protections sont mises sur les installations de grande taille. Dans une installation multi-strings, la défectuosité d’un string peut provoquer une sur-intensité. Ces protections, exigées sur le marché français, sont à peine abordées sur le marché belge. Monsieur Botman a constaté que, lors des formations données en Wallonie, il y a peu d’information sur la nécessité de protection des grands systèmes. Ne vaut-il pas mieux sécuriser les panneaux et l’installation globale du bâtiment en plaçant un para-surtenseur et un parafoudre que de compter sur l’intervention de l’assurance en cas de sinistre ?

N’oublions pas de citer le mauvais équilibrage des strings, les onduleurs déficients, les compteurs de certificats verts qui ne comptent pas ou qui comptent mal ! Imaginez la perte financière provoquée par un compteur qui sous-estime la production réelle de 30 à 35 % !

Un dernier point important, c’est la nécessité d’installer des crochets de sécurité sur le toit. Même si on rencontre encore des kamikazes sur chantier, ce n’est certainement pas la bonne façon de travailler.

Lors d'un audit ou d’une intervention de maintenance, il est indispensable de vérifier tous ces points et d’établir un diagnostic. Tant qu’à avoir une installation autant qu’elle soit sûre, performante et rentable !

Ce métier du diagnostic et de la maintenance d’installations photovoltaïques devient relativement complexe. Il demande d’intervenir sur toute une série de paramètres, nous l’avons vu. L’expertise et l’investigation permettent de détecter les erreurs commises, d’éviter de tomber dans les mêmes travers et de mieux conseiller un client.

Monsieur Botman pense justement que c’est en cela que le métier est intéressant car iI va renforcer le développement d’un savoir-faire local et d’un travail de qualité dans la région.

Avant de conclure, un dernier mot sur le nettoyage des panneaux.

Une étude allemande a montré que l’encrassement des panneaux provoque, après un certain nombre d’années, une décroissance de la production et qu’un nettoyage tous les 4 à 5 ans serait conseillé. Les installations qu’il a auditées ne lui ont pas paru spécialement encrassées. Tout dépend de l’orientation, de l’inclinaison, c’est plus à traiter au cas par cas.

D’où l’intérêt d’un monitoring sur le long terme qui permet de détecter les pertes de rendement (panne, déficience, salissure, …) en analysant les performances et les comparant à des installations de référence en fonction des orientations, mois par mois, année par année.

 

Source : « Diagnostic de pannes et dépannage en installations photovoltaïques: présentation de cas et de solutions techniques », Etienne BOTMAN, ENERGY VILLAGE, atelier n°5, Journée Transfrontalière de l’Energie Durable (JTED) organisée à Mons le 09/10/2014 par Hainaut Développement, jted.eu
Source de l’illustration : « Thermographie d'un panneau solaire photovoltaïque combinant un problème de cellule et une ombre portée » by Hugues CREPIN (travail personnel), 10/02/2013, 13:14:20, Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée), commons.wikimedia.org. Son utilisation n’engage en rien l’auteur sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l’article.

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