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photo d'un châssis mixte Je rencontre dans le cadre de mon métier, de plus en plus de difficultés générées par les nouvelles exigences PEB. Cela m’a amené à la réflexion suivante portant sur la « Pose de châssis et isolation, ou encore, la continuité de l'isolation par les châssis ».

D'abord, au vu de ce que proposent certains fabricants de châssis, nous remarquons des modifications importantes dans les contenus des structures (multiplicité du nombre de chambres, triple vitrage, isolation des vides et nombre de joints) qui, certes, sont excellentes mais seront vite obsolètes si la pose ne s’adapte pas en conséquence pour être mieux (bien) réalisée. 

Actuellement, la continuité de notre placement est le résultat d'une évolution saccadée aux rythmes des nouveaux apports constructifs et de l'obligation à de nouvelles performances.

A ce stade, nous devons réfléchir autrement, voir "oublier" notre façon de faire et la repenser au mieux des possibilités actuelles de construction, mais surtout en regard des perspectives nouvelles à atteindre.

Cette réflexion doit être partagée par tous les acteurs de la construction car, sans une bonne compréhension réciproque des difficultés et des moyens à mettre en oeuvre, nous ne pourrons pas atteindre le niveau de performance demandé.


Citons d'abord les difficultés rencontrées :

Le plus simple pour commencer est de dissocier les situations. En effet, nous ne travaillons pas avec les mêmes contraintes en pose nouvelle traditionnelle, construction bois, rénovation ou béton coulé sur site.


La situation la plus facile à solutionner est la construction bois.

Nous résolvons nous-mêmes les difficultés et imaginons en nos ateliers les solutions à apporter. Nous en admettons donc les conséquences car nous sommes les seuls intervenants.

Nous ne sommes cependant pas à l'abri d'autres problèmes, comme la mouvance, le retrait de nos matériaux et la légèreté de nos constructions qui en altèrent la stabilité (voir le rapport du CSTC sur la stabilité).


Pour la rénovation, la situation est variable selon les cas.

Si nous sommes dans le cas d'une pose de châssis dans une ancienne construction massive (d'avant 1970, sans coulisse), la situation est claire. Nous répétons les gestes d'autrefois (pose en appui et fixation au travers ou par pattes), mais nous améliorons l'étanchéité et l'isolation grâce aux nouveaux produits. L'isolation thermique est possible par l'extérieur et elle est ainsi la meilleure car elle conserve la "masse" du bâtiment. Elle reste aussi possible par l'intérieur mais induit alors la perte de cette masse thermique ainsi que la création de nœuds constructifs et, au pire, de ponts thermiques. Malgré ces éléments, elle est cependant souvent la seule solution à envisager si la valeur de l'aspect extérieur, doit être conservée.

Nous restons dans le cadre de la rénovation, lorsque l’on remplace les premiers châssis à double vitrage (après 1970). Les besoins en économie de chauffage, voir les défauts et usures prématurées sont de bonnes raisons de changement. Dans ces cas, nous viserons l'amélioration des poses en évitant les anciennes erreurs et nous veillerons à assurer la continuité de l'isolation en n'hésitant pas à déshabiller le parement intérieur, pour accéder au périphérique de notre nouveau châssis. Ce sera aussi l'occasion d'assurer une parfaite étanchéité à l'air par la pose d'un joint souple en liaison du plafonnage (ou autre matériau) et du châssis. Il n'est pas inutile d'inclure dans la pose, les connaissances et l'usage des nouveaux produits d'étanchéité.


En construction traditionnelle, les difficultés augmentent de façon exponentielle, au point d'être la raison principale de cette intervention.

En cause ? La création d'une coulisse qui, rappelons-le, devait au départ permettre d’éviter l'infiltration de l'humidité dans le parement intérieur. C'est seulement après, que cette coulisse s'est encore développée pour accueillir d'abord, une ventilation qui s'est avérée nécessaire et, ensuite, un petit isolant thermique.

Ce sont les besoins en économie de chauffage qui ont fait agrandir cette coulisse d'une manière déraisonnable, pour en arriver à dissocier le parement extérieur à des valeurs jugées actuellement trop importantes. Dans le cas de maisons passives, nous atteignons des espaces mesurés de plus de 20 cm.

Nous constatons des différences de tassement, qui dissocient les niveaux de ces parements qui portent les seuils, sur lesquels sont posés les châssis et créent des jointures fragiles aux abords intérieurs de ces châssis avec le mur porteur.

Nous sommes ici au cœur du problème.

Comment demander à un parement extérieur et décoratif de prendre la charge de nos châssis (lourds ou légers) et en décharger le mur porteur qui, de ce point de vue, n'a plus rien à faire (nous concernant s'entend) ?

Comment stabiliser un châssis (une porte, par exemple), nécessitant un soutien latéral, pour en assurer le bon fonctionnement au moins pendant 10 ans (minimum garantie décennale), dans un espace vide et, avec comme seul appui, de l'isolant instable et souple ?

→ C'est mission impossible!

Comment, au  regard de ce qui précède, se défaire de notre étiquette du mauvais élève qui n'assure pas la continuité et la liaison entre les différents matériaux isolants, rendant ainsi le calcul thermique théorique, contre performant ?

→ Si nous voulons, comme les clients le demandent, conserver notre "brique de façade", nous devons impérativement évoluer.


Voici quelques suggestions de pistes :

Les avantages sont nombreux : continuité de l'isolation par l'extérieur, nombre de fixations d'équerres stables et suffisants, rigidité de l'ensemble porteur. De plus, la deuxième phase intérieure peut commencer car le bâtiment est fermé.

Malheureusement, les inconvénients aussi sont nombreux car la pose par l'extérieur implique la présence d’un échafaudage (pour le châssis, pour l'isolation ainsi que pour le parement), une pose aérienne, une définition des mesures imprécises par l'absence de seuils, mais aussi un risque d'altération des châssis par les soins des maçons et des couvreurs. Cela demande aussi une réelle coordination des mesures aux dimensions de l'aspect du parement sans plus aucune tolérance de pose pour personne.

Une autre bonne solution, serait de construire comme en France, béton coffré coulé sur site. La structure est solide et stable, est architecturalement possible, mais nous ne cautionnons pas ces méthodes hormis pour les grands immeubles comme les hôpitaux et maisons de retraites.

Nous pouvons quand  même nous inspirer de la technique ou, à tout le moins, l'analyser.

Les avantages sont la rapidité, en fonction des outils mis à disposition (il faut plus qu'une brouette et une truelle) et le fait que l'isolation se réalise après la pose des châssis. De plus, la finition est généralement crépie, bardée ou, après la pose d'un pare-pluie, garnie de matériaux divers et pourquoi pas, par des capteurs solaires.

On retrouve ici une partie des suggestions émises plus haut, ... comme par hasard,…

Mais les inconvénients sont une fois de plus légions, à commencer par la nécessité de coffrages et donc de coffreurs au  lieu des maçons, mais aussi par la non possibilité de correction en cas de soucis et enfin, il faut s’attendre à un surcoût de montage.

Nous n'avons au final pas beaucoup de solutions ou de latitude de mouvement pour nous en sortir honorablement.

Mais il le faut!


A cette réflexion, nous pouvons ajouter divers constats :

La construction bois avance beaucoup plus vite qu'on aurait pu prévoir en 1990, lors de sa redécouverte.

Les grandes entreprises traditionnelles (Palm, Thomas et Piron, etc...), ont une partie de leurs équipes qui assurent des ossatures en bois et une finition brique extérieure.

Le bâtiment perd en confiance, et cela se remarque aux nombres de constructions annuelles en baisse.

L'auto-construction a de plus en plus d'adeptes au point de se coaliser en groupes pour réaliser la maison de l'un, puis celle de l'autre....

Prenons l'ensemble de cette réflexion par tous les côtés en même temps. On peut en conclure que :

On peut également noter que les constructions nouvelles sont banales au point de se ressembler toutes comme de petites fermettes avec carports accolés.

Le coût de construction n'est plus à la taille de deux (petits) salaires.

De nouvelles démarches, d'écologistes en herbes ou de soit-disant hurluberlus, redécouvrent la terre, la paille, les roulottes et les yourtes. Et ce n'est pas si fou!

→ Qu'en penser, quel est notre devenir d'entrepreneur au vu de ces évolutions?

→ Au final, ne serait-ce pas au maître d'ouvrage de redéfinir la donne?

→ Pourquoi ne pas associer les modes constructifs en fonction des besoins ? Mettre une telle structure au sol, une autre en division intérieure (masse), une autre encore en extérieure qui sera plus isolante acoustiquement.

→ Voir aussi à la stabilité de l'ensemble et laisser de la place à une part d'auto-construction.

Quelques projets vont déjà dans ce sens, initiés par de jeunes architectes plus ouverts, ou plus à l'écoute !
 

Ceci est un jet de "Pierre" dans la mare … à voir maintenant les ondes, réactions sur les berges d'une nouvelle idée de la construction ...

  Pierre Pirnay

 

 

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