Martin_Pley_tricot_pull_overDans le contexte actuel de la PEB et son cortège de passif, zéro énergie, ... la question a de quoi surprendre.

« La norme passive est asociale et irrationnelle», c’est pourtant le titre d’une interview d’Hugo HENS, Professeur, Docteur et Directeur retraité de la section ‘Physique de la Construction’ du département Architecture civile de la KUL. 

Quelles sont les bases de son argumentation ?

Considéré comme "un des pères spirituels de cette réglementation''1, c'est un homme convaincu qu'"une habitation réussie est synonyme de bonheur et de plaisir"1. Il a participé aux études et suivi de près la mise en œuvre des politiques énergétiques. Si je l’ai correctement comprise et résumée, voici comment il développe sa réflexion sur l’effet pervers de la réglementation.

Asociale : 

La réalisation d’une habitation, obligée de respecter les normes passives, voire plus, sera à l’avenir réservée à une élite capable de faire face aux surcoûts de ces exigences et à l’augmentation des prix de la construction.

Irrationnelle : 

L’idéal de ces privilégiés se tourne vers la maison 4 façades en zone périurbaine ou rurale, un choix dont l’impact en termes de développement durable est important pour la collectivité (surfaces de déperditions supérieures, consommation d’espace, nécessité d’infrastructures, importante empreinte écologique, ...). Maisons mitoyennes ou de rangée, habitats groupés n’ont, pour eux, que peu d’attrait.

Les coûts liés à la consommation d’énergie dans une maison passive sont très bas. Ils sont cependant souvent plus élevés que ne le laissait attendre l’estimation théorique car les occupants augmentent leurs exigences de confort. Cela se traduit par une température de confort plus élevée. La différence de température qui en résulte entre les locaux chauffés et les non chauffés/l’extérieur accroît la déperdition thermique.

Et de conclure : 

Poussé à l’extrême, ce raisonnement fait de la maison passive un non sens écologique. De plus, trop souvent, la performance énergétique devient un but en soi au détriment du confort et du plaisir d’habiter. 

 

Si cette opinion me paraît très noire, l’avenir n’est pas rose pour autant. 

Ce n’est un secret pour personne que le coût de l’énergie consomme une grande partie des ressources financières des ménages. Qui n’applique pas la formule : ‘Un degré en moins sur le thermostat … une ‘tite laine en plus !’ ? Ce coût va continuer d’augmenter et la part résiduelle des revenus est/sera insuffisante pour entreprendre des travaux visant à diminuer les besoins énergétiques. Nous ressemblerons bientôt tous à des bibendums (sauf les heureux propriétaires des maisons passives). 

Les états, dans la tourmente budgétaire, peinent à soutenir l’amélioration du parc immobilier (déductions fiscales, primes, réduction de l’impôt foncier, ...) et n’ont plus toujours la capacité de mettre en œuvre de grands travaux collectifs comme le chauffage urbain. 

La fracture énergétique ne peut plus être considérée comme une menace : la précarité énergétique a rejoint notre quotidien. 

 

Sources :

  1. « La norme passive est asociale et irrationnelle», Bart Desanghere, www.br-architect.be, consulté le 22/02/12
  2. pour la photo : “Warp knitting: Tricot (schematic)”, Martin Pley, 23 October 2007, ProCad Warpknit 3d, http://commons.wikimedia.org