La coccinelle … voilà bien un insecte bourré de talents !

Les jardiniers l’engagent comme auxiliaire, les scientifiques la scrutent, des designers et architectes s’en inspirent pour des projets pleins d’originalité.

A travers le monde, découvrez quelques-uns d'entre eux.

La coccinelle

La coccinelle est un insecte de légende. Elle aurait, au Moyen-Age, sauvé de la décapitation un homme accusé à tort d’un meurtre en se posant sur son cou. Elle est depuis considérée comme une bête à bon Dieu, un insecte porte-bonheur.

Amie du jardinier parce qu’elle l’aide à lutter contre les pucerons et autres nuisibles (du moins pour certaines espèces), c’est aussi une source d’inspiration pour les designers : forme, taches et couleurs vives, astucieux rangement des ailes sous les élytres, …

→ La forme

Qui ne connaît la voiture culte du fabricant automobile Volkswagen ? Des lignes qui évoquent la morphologie de ce sympathique coléoptère lui vaudront son surnom de Coccinelle dans certains pays dont le nôtre, la France, le Canada, la Suisse ou encore la Chine. Les Etats-Unis lui préfèrent celui de Beetle parce qu’elle fait aussi penser à un scarabée. Dévoilée en 1938, elle est commercialisée pour la première fois en 1946. Sa production prend fin définitivement en … 2019. Plus de 80 ans se sont écoulés ! Bien sûr sa silhouette a évolué mais le succès a toujours été au rendez-vous. Aujourd’hui, la coccinelle et ses attributs fascinent toujours les designers et architectes.

 

→ Les ailes

La technologie permet de découvrir ses secrets. Caméra à haute vitesse et fausse élytre transparente ont dévoilé aux chercheurs le mécanisme de pliage des ailes. Voyez comment le biomimétisme pourrait être exploité pour le développement de structures repliables.

 

Les projets 

→ Table - Inde

Radhika Dhumal, étudiante au National Institute of Design (Ahmedabad – Inde) n’a qu’une envie : améliorer notre cadre de vie.

L’objectif ? Qu’il exerce une influence positive tant sur le mental que les émotions. Elle partage ses projets, ses recherches avec les internautes.

Si ses poufs pour salle de bains ressemblent à des macarons en tissu éponge, sa table basse « ailée » ou Elytra évoque une coccinelle. Un plateau ovale pour le corps, un rond pour la tête et … une astuce pour les élytres !

Le corps se compose en réalité de deux plateaux superposés. L’inférieur, en bois, est plein et d’un seul tenant. Le supérieur est constitué de deux éléments transparents et ceints de bois. Ils pivotent séparément ou plutôt, se déploient comme des élytres, pour augmenter la surface utile, un meuble que la jeune femme qualifie de « biomimétique et dynamique ». Ingénieuse et ludique, voilà une petite table qui invite au sourire.

Inspirée de la coccinelle, cette table déploie ses ailes pour doubler sa surface 🐞

Plus d'infos : https://t.co/ogReQ7zgGd pic.twitter.com/uSnjpF6Aa7

— Creapills 💊 (@creapills) June 30, 2020

  

→ Bibliothèque - Chine

 Nous voici partis en Chine où Luo Yujie, fondateur du studio LUO, ancre son projet de bibliothèque coccinelle dans des valeurs très actuelles : recyclage – partage – espoir.

Recyclage

Les sociétés de vélos partagés s’abattent sur les villes comme un nuage de sauterelles.

Pourquoi cette triste comparaison ?

• D’un côté, l’intention est louable, bien que visant la rentabilité, elle met la pression pour développer la mobilité douce et ses infrastructures.
• De l’autre, la durée de vie des cycles est extrêmement courte : dégradation, nouvel adjudicataire, déclassement avant entretien, …

Et il ne faut pas négliger les vélos de particuliers. En France, par exemple, projets et budgets sont mis en œuvre pour promouvoir leur réparation. Quelques-uns, même, auront la chance de terminer leur vie fleuris. Mais, il ne faut pas se leurrer, la plupart, abandonnés sauvagement ou entassés dans des décharges comme en Chine, constituent un volume important de déchets indésirables. Alors tout idée de recyclage est la bienvenue. C’est le raisonnement sur lequel s’appuie ce designer pour imaginer un espace de rangement mobile, articulé autour d’un vélo de récupération.

Les étagères sont fabriquées avec des planches, elles aussi récupérées. Pour les ailes, il utilise des tôles de vieilles voitures. On y voit encore la cicatrice d'une poignée ou d'une entrée de réservoir. La coccinelle qui en émerge est ludique et sympathique. Son organisation est astucieuse et même évolutive.

Partage

Alors que l’ensemble est initialement conçu pour transporter du matériel pédagogique, l’idée s’est ouverte à d’autres opportunités. Selon que les planches sont plus ou moins nombreuses, l’espace se dégage, notre coccinelle devient une classe éphémère. Les enfants trouvent refuge sous ses ailes ou se lovent dans son corps. Lorsque les étagères accueillent des livres, elle se transforme en bibliothèque itinérante. Les lecteurs s’asseyent sur le plancher. Le partage anime le projet. Les livres proviennent de dons des uns et des autres. L’activité part à la rencontre des usagers. Il est bon d’échanger en un lieu aussi convivial.

Espoir

 

Il reste encore tant d’inconnues dans le développement des villes de demain. Luo Yujie, urbain par excellence, en est bien conscient. Avec son équipe, il fait le choix de « créer des espaces plus durables, conviviaux et de qualité avec une pensée créative, un esprit artisanal et le principe de prendre soin de la nature ». Offrir le plaisir (et le droit) de lire à travers des livres inutilisés avec des vélos qui le sont tout autant y contribue. Une humble solution qui rejoint la grande famille des projets d’économie circulaire. Porteurs d’espoir, ils ont pour ambition de transformer les déchets en trésor.

 

→ Abri éphémère

Une équipe de l’Université de Stuttgart a repris le mode de déploiement des ailes d’une coccinelle pour concevoir un pavillon éphémère (comparer cette vidéo à celle en tête d’article) … Tout est question de pliage.

3m de hauteur, deux ailes en fibre de carbone et verre, ce projet semblera peut-être à certains plus ludique qu’utile ...

FAUX. Il est considéré comme un démonstrateur de recherche.

https://t.co/V95VOQ20Y1 #Kinetic pavilion unfolds ladybird-like wings to protect those seeking shelter from a storm #fmcos #fixmycomputeronsite.com

— FixMyComputerOnSite (@FixMyPCHere) August 16, 2019

•  Il fait partie d’un ensemble de projets bio-inspirés, axés, entre autres, sur la conception informatique et la simulation.
• Son élaboration a exigé les talents d’une équipe multidisciplinaire : architectes, ingénieurs, biologistes et paléontologues.
• Un des objectifs était de reproduire à grande échelle le mécanisme de pliage des ailes après avoir identifié distinctement les modèles mécaniques et cinétiques à l’oeuvre chez l’insecte.
  - Le mouvement est complexe et particulièrement rapide, le rangement très compact. Pourtant, le pliage est semblable à celui d’un simple origami.
  - L’étude des propriétés mécaniques a permis de déterminer les charnières du pliage. Dans les zones où elles stockent de l’énergie élastique pour permettre un déploiement rapide, elles sont flexibles. Les tensions consécutives nécessitent dans l’imitation un renforcement de la matière, par exemple avec des fibres pour du plastique.
• Les scientifiques ont développé différents modes d’activation du mouvement :
  - direct via un contact physique avec des capteurs;
  - à distance par l’intermédiaire d’un dispositif connecté.
  Dans les deux cas, le contrôle est interactif et nécessite un traitement digital.
• Ce prototype aussi une première pour l’utilisation d’un ruban industriel dont la technologie a été mise au point en vue d’une production automatisée et à grande échelle.

 

→ Eco-lotissement - France

« Les coccinelles » est un nom des plus courants pour désigner une crèche ou une maison sans rapport plus particulier avec l’insecte que le nom.

A Sainte-Croix-aux-Mines, c’est bien différent !

Gites insolites ou éco-lotissement, à vous de choisir pour désigner ce quartier aux constructions inspirées des architectes du G.Studio. L’agence d’architecture appréciait tout particulièrement la conception de bâtiments expérimentaux, bioclimatiques, conviviaux. Ces trois qualités, parmi d’autres, ont bien intégré le projet. Conçu en 2003, construit en 2008, il a reçu le label national français d’EcoQuartier en 2014. 

Le design de ces logements est original : ossature bois, pilotis, toiture bombée, …

La trame est dense. Il fallait être astucieux pour générer 15 lots sur une surface a priori insuffisante. Les parcelles sont donc réduites mais l’espace optimisé. La surface protégée sous les planchers offre de multiples possibilités d’utilisation immédiate ou de développement ultérieur.

Chaque maison a sa passerelle de liaison vers une piste cyclable, ancienne voie ferrée recyclée.

Dans les zones non bâties, qu’elles soient privatives ou communes, les essences paysagères sont choisies pour demander peu d’entretien. L’eau de pluie percole vers de petits fossés en limite de propriété où elle disparaît naturellement. Cette solution douce génère un écosystème tout en évitant de saturer le réseau. Mais elle met aussi à profit une règle du Code National de l’Urbanisme … leurs deux mètres de largeur autorisent les ouvertures sur limite.

Envie de découvrir ce site surprenant ? Profitez d’un petit séjour en Alsace pour une étape non conventionnelle au pied des montagnes.

→ Et encore ...

Rien n’arrête notre coccinelle. Une incursion dans le monde numérique n’est pas pour lui déplaire.

« Ladybug Tools » s’inscrit dans la philosophie des outils digitaux librement accessibles (open source). Ce plugin pour Grasshopper importe des fichiers météos pour générer des graphiques interactifs afin d’optimiser l’intégration d’un « objet » dans son environnement (rayonnement solaire, orientation).

Depuis le lancement du premier plugin en 2013, les développeurs complètent la boîte à outils avec l’abeille, Honeybee (éclairage naturel et simulation énergétique, le papillon, Butterfly (dynamique des fluides) et prochainement la libellule, Dragonfly (changement climatique).

 

Et si finalement, votre âme de jardinier préfère l’étude entomologique, voici, pour conclure, une fascinante vidéo dans un tweet de Futura Sciences. 

[🌍] Avez-vous déjà observé la mue d'une larve de #coccinelle ? 🐛🐞 Ces #insectes prennent progressivement du volume. Environ une dizaine de jours après la ponte, elles commencent leur nymphose (chrysalide) via ©redit : waege #futuraplanete pic.twitter.com/CPs1cKFjp1

— Futura - Explorer le monde (@futurasciences) September 4, 2020

 

 

Sources :
- « Bête à bon Dieu », fr.wikipedia.org
- « Volkswagen Coccinelle », fr.wikipedia.org
- « Inspirée de la coccinelle, cette table déploie ses ailes pour doubler sa surface », Maxime Delmas, 30/06/2020, creapills.com
- radhikad.myportfolio.com
- « LUO Studio builds Shared Lady Beetle micro library from abandoned bicycle », India Block, 09/05/2019, www.dezeen.com
- www.luostudio.cn
- « L'État débloque 80 millions d'euros pour réparer un million de vélos », Rachida Boughriet, 15/09/2020, www.actu-environnement.com
- « This adaptive pavilion has folding elements that open and close like ladybird wings », Philip Stevens, 30/07/2019,www.designboom.com
- www.icd.uni-stuttgart.de
- « Lotissement écologique 'Les coccinelles' à Sainte-Croix-aux-Mines (68) », www.caue-observatoire.fr
- « La maison Coccinelle - Archi Design en Alsace », www.homeexchange.fr
- www.gstudioarchitecture.com
- www.ladybug.tools
Source des photos utilisées à titre d’illustration :
- pixabay.com (CC0 Public Domain - Libre pour usage commercial - Pas d'attribution requise)
- avec l'aimable autorisation du Studio LUO pour la bibliothèque-coccinelle
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