Veilleconstruction.be - La ville du futur

Détails: L'équipe Veilleconstruction; 28 juin 2022; Affichages : 254

Le battage médiatique autour du métavers ne laisse-t-il pas entrevoir d’autres futurs possibles ? Que penser d’une ville immatérielle ?

Il n’est pas un jour où cet univers virtuel n’apparaisse dans la presse grand public ou professionnelle. Souvent vanté, plus rarement décrié, dans sa version actuelle menée par les GAFAM, Facebook en tête, il laisse entendre plein de promesses (surtout lucratives).

Une virtualité ?

L’évolution technologique et digitale (AR, VR, AI, 6G, …) ouvre les portes sur un monde virtuel et immersif dans lequel, les concepteurs bien convaincus de son avenir, investissent massivement : au moins 50 milliards de dollars en 2021. Qui dit mieux pour 2022 ? 100 milliards ? C’est en tout cas le chiffre avancé. Les grandes marques sont à l’affût, surtout lorsqu’il s’agit de ne pas rater une opportunité de marché.

Certains s’y sont déjà lancées comme LVMH et ses produits de luxe, BNP Paribas ou encore la société d’interim Adecco. L’univers est multisectoriel : commerce, art, loisirs, jeux, travail, services, …

Des terrains y sont déjà en vente. Les certifications NFT (jetons non fongibles) qui valident l’authenticité (et l’unicité) d’un objet numérique et les cryptomonnaies rendent des opérations possibles. Comme dans la vie réelle, la spéculation est bien présente. L’écho médiatique n’y est pas étranger. Metaverse Group (l’équivalent d’une agence immobilière dans le métavers) a acquis, fin 2021 et pour un montant estimé à l’époque à plus de deux millions de dollars, 116 lots soit +/- 566 m². Elle espère les revendre séparément à des entreprises du secteur de la haute couture fortement intéressées par le métavers.

Qui dit terrain dit construction … architecte, designer, … aménagement urbanistique, ville, … Bienvenue dans l’immobilier virtuel. Ici pas de pénurie de matériaux, pas de normes PEB, pas de pollution, un bilan carbone peut-être pour se donner bonne conscience.

Ces humains et leurs avatars

Cette idée de ville virtuelle nous tarabuste. Qu’est-ce qu’une ville finalement peuplée d’avatars ? Que deviennent les hommes ?

Dans un univers dystopique, ne pourrait-on aller jusqu’à imaginer les corps des jumeaux physiques stockés dans des bâtiments cellulaires de construction médiocre ? Quoi qu’il en soit la ville virtuelle se joue à deux niveaux :

la ville qui héberge les vrais hommes, différente de la smart city. Cette infrastructure à mi-chemin entre le réel et le virtuel offre des locaux dits « d’évasion technologique » où pratiquer des activités dans le métavers. Les besoins de ces espaces physiques et de leurs consommateurs peuvent différer de ceux de la vie réelle. Avec une longue tradition d’approche globale et de compréhension des projets, les architectes ont un rôle à jouer dans leur conception. Leur mission est de créer ce pont entre matérialité et virtualité. Nouvelle construction dédiée, transformation / reconversion d’espaces existants, intégration à un environnement existant, … les possibilités restent multiples. La seule certitude ? Ces espaces physiques de support sont nécessaires à la consécration de la technologie.
la ville qui accueille leurs avatars. Ce monde imaginaire sera-t-il à l’image du réel ?

Le jeu vidéo tel SimCity, un grand classique, porte en lui les prémices de ces villes nouvelles. Etonnamment, le processus de construction y reste très semblable à celui d’une ville réelle. Des architectes se spécialisent dans la construction virtuelle, voire, s’y consacrent exclusivement. La portée des interventions de ces créateurs de contenu n’est plus limitée par les frontières. Le métavers est une grande communauté universelle. Des logiciels et applications dédiés voient le jour comme CityEngine. Ce logiciel, déjà en phase commerciale et développé par l’entreprise suisse Esri R&D Center Zurich AG, a pour objectif de générer de la modélisation 3D dans des environnements urbains et ce, de façon détaillée et à grande échelle.

La société américaine Autodesk, spécialisée dans l’édition de logiciels de création et de contenu numérique, nous livre sa vision du jumeau numérique (Digital Twin) : « un jumeau numérique dans la construction, l'ingénierie et l'architecture est une réplique dynamique et à jour d'un actif physique ou d'un ensemble d'actifs - qu'il s'agisse d'un bâtiment, d'un campus, d'une ville ou d'un chemin de fer - qui rassemble les données de conception, de construction et d'exploitation en temps réel. Les jumeaux numériques simulent, prédisent et éclairent les décisions. Les architectes pouvaient exécuter des simulations pour créer virtuellement des scénarios du monde réel afin de « tester » des bâtiments non construits. »

D’autres rapports sociétaux ?

Si certaines expériences de Smart Cities se voulaient inclusives, les faits ont montré une discordance entre l’intention et le vécu (cf Songdo – Corée du Sud). Les villes du métavers pourraient-elles accueillir la variété culturelle et sociale, la diversité des avatars en toute harmonie, autrement dit pratiquer l’inclusion sociale, économique et culturelle ? Les avatars auront-ils des étoiles dans les yeux ? Dans une projection optimiste (utopique ?), pourquoi pas ? Mais n’oublions pas que le métavers est avant tout une création destinée à générer du profit, qu’il en sera un poids lourd. Les travers et déviances du monde réel y semblent déjà bien présents. N’avons-nous pas déjà parlé de spéculation ? Fin mai, une chercheuse n’a-t-elle pas signalé l’agression de son avatar ? La question des responsabilités, des libertés, droits et des devoirs, de la législation, … reste encore largement ouverte.

L’opportunité d’inventer leur ville, leur vie rendra-t-il les hommes plus heureux ?

Un peu de vocabulaire si nécessaire :

GAFAM pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft → Wikipedia : « acronyme des géants du Web, cinq grandes firmes américaines qui dominent le marché du numérique parfois également nommées les Big Five »
AR pour Augmented Reality ou RA pour réalité augmentée → Wikipedia : « superposition de la réalité et d'éléments (sons, images 2D, 3D, vidéos, etc.) calculés par un système informatique en temps réel »
VR pour Virtual Reality ou RV pour réalité virtuelle → Wikipedia : « renvoie typiquement à une technologie informatique qui simule la présence physique d'un utilisateur dans un environnement artificiellement généré par des logiciels »
AI pour Artificial Intelligence ou IA pour intelligence artificielle → Wikipedia : « ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine »
6G → Wikipedia : « sixième génération de technologies de communication sans fil prenant en charge les réseaux de données cellulaires. Son but est de succéder à la 5G »
NFT pour non-fungible token ou jeton non fongible → Wikipedia : « donnée valorisée composée d'un type de jeton cryptographique qui représente un objet, auquel est rattachée une identité numérique »
Cryptomonaie comme le Bitcoin, l’Ethereum, … → Wikipedia : « monnaie numérique émise de pair à pair (actif numérique), sans nécessité de banque centrale, utilisable au moyen d'un réseau informatique décentralisé »
Digital Twin pour jumeau numérique -> Wikipedia : « réplique numérique d'un objet, d'un processus ou d'un système qui peut être utilisé à diverses fins »

La ville du futur – Une virtualité ? (3/3)

Une virtualité ?