Shropshire … Fromage à pâte orange. Son persillage de bleu n’est pas sans rappeler les moisissures qui s’invitent dans nos logements lorsque les conditions y sont favorables.

Avec la crise énergétique, ne vont-elles pas rencontrer de multiples opportunités ? 

Les consignes sont claires, impulsées par nos gouvernements ou nos finances : diminuer le thermostat, enfiler un pull de plus … un confort relatif, inversement proportionnel aux montants des factures énergétiques. Certains même ne chaufferont plus qu’une pièce. Les plus durement touchés se verront dans l’obligation de couper le chauffage.

Nos maisons, qu’en pensent-elles ?

Une certitude. La température à l’intérieur de nos logements baisse. Lentement, d’après les conclusions de l’étude la startup française Homeys, spécialisée dans la fourniture de données énergétiques et le conseil-service associé, mais elle baisse.

Du 13 novembre au 13 décembre 2022, elle a en effet collecté les données de 2.810 logements résidentiels équipés de chauffage collectif et a constaté une diminution de presque 1°C par rapport à la même période de l’année précédente, la température moyenne étant passée de 21,1° à 20,2°C. Gageons qu'en 2023, la diminution sera plus importante.

La consigne, ou à tout le moins la recommandation, fixée par nos gouvernements est de 19°C pour les bâtiments publics, une mesure aussi largement suivie par les employeurs. Engagement écologique ou pression financière, les particuliers n’ont souvent d’autre choix que de s’y conformer.

Lorsque la température ambiante diminue, la saturation de l’air intérieur en vapeur d’eau est plus vite atteinte et de la condensation apparaît sur les parois froides (vitrage, mur, pont thermique, …). La température de surface des parois a diminué en parallèle, d’autant plus que la température extérieure est basse. Support, humidité et nourriture, les 3 conditions sont réunies pour l’apparition des moisissures, champignons et autres pourrissements.

Quelles solutions ?

Les solutions ne sont pas nouvelles. Elles ont été mille fois rabâchées tant dans les médias professsionnels que grand public.

→ éviter la production de vapeur d’eau et, si elle est produite, l’évacuer. A moindre coût, quelques « trucs » immédiatement applicables :

  • utiliser un sèche-linge ou mettre sécher le linge dans une pièce séparée et ventilée
  • faire fonctionner la hotte pendant les cuissons
  • fermer la porte des locaux humides et ventiler, après une douche notamment

Vous le constatez, la ventilation reste la solution de prédilection, qu’elle soit manuelle ou mécaniquement contrôlée.

→ remonter ponctuellement la température pour faire sécher le bâtiment
→ ne pas descendre sous les 15° en ambiance

A plus long terme, des travaux de rénovation et d’amélioration de la qualité thermique et énergétique du bâtiment s’imposent : isolation, ventilation, étanchéité à l’air, équipements et mode de chauffage, production d’énergie, … Beaucoup de particuliers se penchent sur la question. Encore faut-il s’y retrouver. Encore faut-il qu’ils soient bien conseillés.

Une question de santé ?

Notre santé, voire notre vie, peuvent être mises en péril.

La remise en service de cheminées mal entretenues, l’utilisation d’appareils d‘appoint, le calfeutrement excessif ne sont pas sans corollaire avec l’augmentation du risque

  • d’intoxication au monoxyde de carbone
  • d’incendies domestiques.

Les moisissures sont néfastes pour notre santé. Les spores qu’elles émettent sont allergènes et, entre autres, très irritants pour les voies respiratoires (toux, asthme, ...).

Notre santé dépend de celle de nos lieux de vie.

Et pourtant …

Dès 2020, des scientifiques belges (Universités de Bruxelles et de Louvain) se sont intéressés au problème de vie à « basse » température dans nos logements. Une vision prémonitoire ?

Leur projet atypique, baptisé SlowHeat, posait le questionnement d’une crise énergétique et d’une notion différente du confort.

Plusieurs pistes sont étudiées :

  • les vêtements : en couches et adaptés
  • la diminution de la température d’ambiance
  • la source de chauffage : radiateurs d’appoint (radiant) avec un usage limité, cape chauffante, …
  • du mouvement lors d’activités statiques : pédalier sous le bureau, …

Parties prenantes de leur projet en compagnie d’une vingtaine de citoyens, ils partent du postulat qu’il faut « Chauffer les corps, pas les murs ».

Dans l’appartement de l’un d’entre eux, la température varie de 12° à 14° et, chez un autre, un thermostat central bloqué à 15°, assure 14,5° d’ambiance pour les pièces les plus chaudes pour 12° dans les plus froides.

Un des constats, rassurant, est que le corps s’y habitue. Si le premier hiver leur a paru difficile, le deuxième leur a semblé plus confortable.

Même si leurs visiteurs sont le plus souvent frigorifiés, même si des causes rédhibitoires existent (maladie, …), ce projet a l’avantage de montrer que nos mentalités et nos conditions de vie peuvent évoluer.

Et pour les nostalgiques du « C’était mieux avant » ou les curieux de solutions historiques, un retour dans les anciens châteaux s'impose, là où le sol était couvert de nattes de roseaux, les murs et fenêtres garnis de larges tapisseries pour couper le froid et l’humidité.  

 

  

Sources :
- « Cet hiver sera plus favorable aux problèmes de moisissure et d’humidité dans la maison », Liesbeth Pairoux, 21/11/2022, www.livios.be
- « Chauffage à 19 degrés : les Français respectent-ils la préconisation du Gouvernement ? (Etude Homeys) », 14/12/2022, www.energie-today.com
- « 43 % des Français envisagent des travaux de rénovation énergétique (étude) », Claire Lemonnier, 15/12/2022, www.batiweb.com
- « Cheminées et chauffages électriques… Les incendies domestiques font de nombreuses victime », Belga, 27/12/2022, www.levif.be
- « Mitaines et capes chauffantes : les chercheurs belges de Slowheat explorent la vie à 15°C », AFP, 01/01/2023, www.goodplanet.info
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