N’y aurait-il pas d’autres issues pour ces canettes qu’un tas d'immondices ?

Découvrez la nouvelle vie qu’un peu d’imagination donne à des objets du quotidien considérés comme à jeter

Des canettes

Nous sommes à New York, dans le Lower East Side de Manhattan. 2020. La marque amstellodamoise Daily Paper dont les vêtements s’inspirent de l’héritage culturel africain vient d’y ouvrir sa première boutique américaine. L’immeuble, implanté sur un angle, bien visible, a nécessité une lourde rénovation. Les concepteurs en ont profité pour y apposer des références aux sources retravaillant la forme du toit pour évoquer celui des maisons de ville hollandaises.

La façade quant à elle se tourne vers des ouvrages traditionnels en perles réalisés dans l’est et le sud de l’Afrique. Mais ce qui fait sa particularité, c’est le matériau utilisé : des milliers de canettes de récupération. Plus de 13 500 assemblées sur des panneaux par collage et vissage manuel après avoir été découpées et compressées. Fournies par la société américaine AriZona, spécialisée notamment en thé glacé, elles dessinent un motif complexe en blanc, vert et noir qui ceint les façades d’un entrelacs ethnique aux milliers de perles.

Toujours le recyclage, toujours les canettes, encore la mode mais un autre détournement avec cette tenue conçue pour le concours de Miss Univers 2023. La thaïlandaise Anna Sueangam-Iam a osé une robe texturée autour d’un assemblage d’opercules de canettes de soda et de perles Swarovski. Par cette réalisation, elle rend un hommage respectueux à ses parents, son père qui est éboueur et sa mère, balayeuse de rue. 

 

Des canettes, des pneus & co

Un grand classique de la récup en tous genres, ce sont les Earthships, appelées chez nous « géonefs ». Le principe directeur est de n’utiliser que des matériaux de récupération, le plus souvent considérés ailleurs comme des déchets. Canettes, bouteilles en plastique ou en verre, vieux pneus sont les grands gagnants de l’aventure. Initiées par l’architecte américain Michael Reynolds et les communautés hippies, ces habitations se veulent écologiques, autonomes, par définition, durables. 

Une autre réalisation.

En 2015, Florence Pirotte vous parlait d’une réalisation belge dans son article : « Géonef : "C'est arrivé près de chez vous" ! ».

Un dernier exemple de « canstruction » avec la réalisation de John Milkovisch. Pour la construction de son habitation, du garage et l’aménagement des abords, il a dû consommer pas moins de 50000 bières !

 

Des couvercles 

Au Cap-Vert, et plus précisément à Mindelo sur l'île de São Vicente, le bureau Ramos Castellano Arquitectos a été chargé de concevoir le CNAD, un Centre national dédié à l'art, l'artisanat et au design. L’ensemble se compose d’une ancienne maison coloniale agrémentée d’un patio et d’un autre bâtiment qui ont fait l'objet d'une rénovation.

Le projet prévoit la construction d’un nouveau volume. Sa particularité ? Une approche audacieuse du traitement de façade qui fait appel aux ressources locales tant pour le matériau, des couvercles de fûts, que pour leur valorisation par des artisans.

Il faut savoir que l’île, loin d’être autonome, doit importer énormément de marchandises transportées entre autres dans des conteneurs et des fûts. Rien n’est jeté. Toutes les ressources sont exploitées pour éviter l’ultime déchet, d‘où leur recyclage dans des usages aussi variés que multiples. Cette démarche a inspiré les architectes. Quoi de plus simple qu’un couvercle omniprésent dans la vie des habitants pour devenir la peau symbolique et colorée d’une façade. Pris en charge par un atelier d’auto-construction, les couvercles de récupération ont été décapés et repeints.

Savez-vous qu’ils cachent deux fonctions stratégiques ?

  • une partition musicale. Le choix des couleurs est très précis : chacune est associée à une note de musique. La répartition des couvercles a été imaginée par le compositeur caboverdien, Vasco Martins, pour créer une expérience enjouée et sensorielle à travers une synesthésie d’inspiration traditionnelle.
  • une lame d’air. Les couvercles forment une trame décollée de la paroi libérant un espace pour la circulation de l’air. Cette technique passive garantit un confort thermique sans avoir recours à la climatisation. De plus, les couvercles sont orientables ce qui permet d’optimiser l’apport de lumière, l’ombrage et la gestion des flux d’air.

Vous trouverez plus d’informations dans l’article d’Archdaily (en anglais – lien dans le tweet). 

Et vous ? A quel matériau auriez-vous envie d’offrir une nouvelle vie insolite ?

 

 

Sources :
- « Recycled aluminium cans decorate exterior of Daily Paper's first US store », Natasha Levy, 31/10/2020, www.dezeen.com
- « Miss Univers : Miss Thaïlande défilera dans une robe en opercules de canettes », Justine M., 13/01/2023, creapills.com
- « Earthships : ils vivent dans des maisons en pneus et canettes », Clémence Leleu, 30/07/2016, www.18h39.fr
- « Canstructions », Josephine Th., 27/09/2017, cahierjosephine.canalblog.com
- « CNAD National Art, Crafts and Design Center / Ramos Castellano Arquitectos », Hana Abdel, 06/12/2022, www.archdaily.com
Source de la photo utilisée à titre d’illustration : pixabay.com (CC0 Public Domain - Libre pour usage commercial - Pas d'attribution requise). Son utilisation n'engage en rien l'auteur sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l'article.