La construction utilise du sable. Beaucoup. La demande explose. La consommation annuelle mondiale s’élève 15 milliards* de tonnes mais la terre en contient 120 millions de milliards de tonnes. No stress ?

Pas vraiment ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, la pénurie menace car tous les sables ne conviennent pas, d’autres sont inaccessibles, la consommation excède le renouvellement. 

* estimation – car il n’y a pas de statistiques précises - variable suivant les sources (-> 30 milliards de tonnes de sable/an ou 45 milliards de tonnes de sable et granulats/an).

Quel sable ?

Le sable le plus structuré est extrait en carrière. Puis vient celui prélevé dans les rivières et dont les grains restent encore suffisamment anguleux mais les besoins croissants obligent se tourner vers d’autres sources comme le sable marin. Chaque seconde voit le prélèvement de 2,4 tonnes de sable sur les plages.

Le choix et le traitement du sable varient suivant son utilisation. Le sable de mer, par exemple, doit être lavé de son sel et tamisé pour éliminer les déchets organiques lorsqu’il entre dans la fabrication du béton.

Les prélèvements excessifs de sables fluviaux et marins provoquent des dégâts environnementaux : crues des rivières, inondations, destruction des fonds marins, érosion (sans renouvellement) des côtes, … Une exploitation illicite s’enrichit de sa raréfaction.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le documentaire alarmant d’Arte « Le sable, enquête sur une disparition ». 

Et le sable du désert ?

beton-finite-test-resistance-compressionA priori, il ne convient pas pour la construction parce que l’érosion a lissé et arrondi ses grains. Mais des chercheurs du Imperial College London ont annoncé avoir mis au point un matériau aussi solide que du béton et biodégradable à partir du sable de désert. En l’état, ce matériau pourrait être utilisé pour des constructions éphémères tout à fait recyclables. D’autres tests et mises en conformité réglementaires sont nécessaires avant de l’envisager pour des réalisations permanentes.

beton-finite-colorisLa recette de fabrication est tenue secrète. Nous saurons seulement que ce matériau composite utilise du sable désertique (ou une poussière fine) et un liant pour assurer la cohésion entre les grains fins, ronds et lisses. Il peut garder sa couleur d’origine ou être coloré avec des pigments naturels. Son empreinte carbone serait de moitié inférieure à celle du béton.

L’équipe s’est structurée en startup sous le nom de Finite qui sera aussi celui du matériau.

Dans cette interview (en anglais), les 4 inventeurs présentent leur profil, leurs projet et objectif. Le matériau est visible un peu plus longuement à 8’12. Il prend la forme, entre autres, de petits cubes de +/- 5 cm de côté, de palets utilisés pour les essais et les colorations. A échelle réelle, sera-t-il coulé ? Maçonné ? 

Ce projet, qui paraît prometteur, n’en est qu’aux premiers pas d’une grande aventure. Peut-être apportera-t-il une solution à la pénurie attendue ?

 

 

Sources :
- « La guerre mondiale du sable est déclarée », Richard, Hiault, 24/02/2016, www.lesechos.fr
- « Le sable du désert pourrait servir à construire durablement », Grégoire Noble, le 18/05/2018, www.batiactu.com
- « New material made from desert sand could offer low-carbon alternative to concrete », India Block, 24/03/2018, www.dezeen.com
www.planetoscope.com
www.materialfinite.com
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