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legionelle_bacterieProduire et maintenir l’ECS à 60°C représente une dépense énergétique importante. Principe de précaution oblige, il est difficile de donner une recette miracle pour réduire les consommations énergétiques. Certains systèmes de traitement alternatif comme l’électrolyse, le dioxyde de chlore ou l’ionisation cuivre-argent peuvent être une solution pour réduire les températures et certains sont reconnus par le gouvernement flamand. 

 

Néanmoins, même en l’absence d’un tel traitement, on peut quand même limiter les consommations dévolues à l’ECS. En effet, de bonnes pratiques en exploitation peuvent induire des économies substantielles d’énergie et d’émission de CO2 au niveau :

  • Des points de puisage ;
  • De la distribution ;
  • Du stockage ;
  • De la production ;
  • Du système ECS dans son ensemble.

 1    Les points de puisage

Les points de puisage peuvent être un élément crucial dans la lutte contre le gaspillage énergétique. Les mesures d’économie agissent principalement sur la réduction du besoin d’ECS. Les améliorations sont bien identifiées, raison pour laquelle elles sont justes citées ici :

  • Réduction des débits de puisage d’ECS par la sensibilisation des utilisateurs (douche plutôt que bain, douches tièdes plutôt que chaudes, …), l’utilisation de mitigeurs, la réduction de la pression, le placement de « mousseur » ;
  • Contrôle des durées de puisage par le placement de bouton poussoir ou de cellule de détection de présence, …

2    La distribution

2.1    Schéma hydraulique

La distribution d’ECS est la plupart du temps le terreau de développement des légionelles. La maîtrise du schéma hydraulique de distribution est un facteur très important de lutte anti-légionellose. Un bon schéma à jour du réseau de distribution permet :

  • D’identifier les bras morts inhérents à l’évolution du bâtiment ;
  • De répertorier les sections de réseau peu ou pas isolées et risquant d’être des foyers potentiels de prolifération des légionelles.


2.2    Méthodologie d’assainissement

L’assainissement d’une installation ECS dessert les intérêts conjugués de la lutte contre le développement de légionelles et les pertes thermiques. En effet, le manque d’isolation de certains tronçons du réseau augmente les déperditions thermiques vers l’ambiance et réduit la température d’ECS. Il en est de même lorsque des bras morts sont présents.
Une méthode simple d’assainissement non exhaustive est la suivante :

  • Repérage sur site du réseau de distribution ;
  • Suppression des bras morts ;
  • Isolation des conduites, des organes de commandes, d’isolement, …
  • Mise à jour du schéma hydraulique ;
  • Contrôle des températures.


2.3    Ampleur du réseau de distribution

Lorsqu’on a affaire à des réseaux ECS tentaculaires et de grandes longueurs, se pose toujours la question de la décentralisation ou pas de la production. En effet, garder en tout point d’un réseau étendu des températures de minimum 55°C, implique de rehausser la température au départ de la distribution de manière à compenser les déperditions thermiques des conduites. Comme on le verra ci-après, une température de départ élevée implique que le système de production doit travailler à plus haute température. Il n’est pas rare de voir des températures d’ECS en chaufferie de l’ordre de 70 -75°C. Cette mesure a un impact immédiat sur les déperditions en chaufferie et sur la performance de certains équipements de production (performance des PAC2 par exemple). En outre, le risque de corrosion de tuyauteries en acier galvanisé devient réel. Et plus le tuyau présente des impuretés (résidus de corrosions), plus la légionelle trouvera un milieu propice pour se développer.
Dans un certain nombre de bâtiments existants, une boucle d’ECS a été installée (bâtiments de bureau par exemple) mais ne se justifie pas car les besoins en ECS sont faibles et ponctuels. Dans ces cas, on remplacera avantageusement la boucle par une production d’ECS décentralisée de préférence instantanée, au gaz ou électrique.

3    Le stockage

Le profil de puisage général d’une installation d’ECS est rarement constant. Dans la plupart des installations ECS, le stockage est nécessaire pour une question de dimensionnement raisonnable du système de production et de sa capacité à moduler sa puissance pour couvrir un profil variable.
Les pertes thermiques du ballon seront d’autant plus importantes que :

  • Comme on l’a vu ci-avant, les températures de départ de distribution seront élevées ;
  • Le volume du ballon sera grand ;
  • Et le niveau d’isolation faible.

Un équilibre technico-économique est à trouver afin de réduire au maximum les pertes énergétiques et les risques de points froids, sources de développement de légionelles.

4    La production

Suivant les systèmes de production d’ECS envisagés, les températures de départ et de retour en chaufferie influencent leur performance. Citons deux cas :

  • Pour les PAC, les températures de départ ET de retour doivent être les plus basses possibles. Pour la production  d’ECS, cela tombe plutôt mal ! Des températures de source chaude souhaitées de l’ordre de 60-65°C ne sont pas vraiment favorables à l’utilisation de PAC. Les SFP3 pour ces températures peuvent descendre à des valeurs de 1.8.
  • Pour les chaudières gaz et fioul à condensation, des températures de retour de 55°C ne favorisent pas la condensation ni, par conséquent, le gain énergétique théorique de 10 % sur la condensation des fumées de combustion.

schema_production_systeme_instantane_ou_semi-instaneDes techniques existent pour réduire les températures de retour en chaufferie. En production instantanée ou en semi-accumulation, le surdimensionnement de l’échangeur (ΔT = 20 K) à plaques permet, comme le montre la figure ci-contre, un retour froid au niveau de la chaudière. Bonne nouvelle pour la condensation et la performance énergétique de la chaudière !

 

Didier Darimont, ICEDD
Dans le cadre de la mission de Facilitateur tertiaire pour la Wallonie


A suivre
→ Légionelles et énergie - Foire aux idées (4/4)

 

Légionelles et énergie - Le point de départ ? Les légionelles ... (1/4)
Légionelles et énergie - Alternatives aux mesures thermiques (2/4)

 

 
2 PAC : Pompe à Chaleur
3 SFP : Seasonal Factor Performance ou COP saisonnier d’une PAC. Pour atteindre une certaine performance par rapport aux autres systèmes de production, le SFP doit être minimum de 2.5

titre_references

  • « Des légionelles à l’assaut de votre installation d’eau aussi ! » ; Karel De Cuyper ; Les dossiers du CSTC – cahier n°10 ; juin 2005
  • Arrêté Legionella du 9 février 2007 ; parution au Moniteur Belge : 04 mai 2007 ;
  • Energie + : http://www.energieplus-lesite.be/