Béton circulaire - Le sacrifice du béton

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Oser la substitution ! Le béton se sacrifie sur l’autel de la bonne conscience environnementale jusqu’à céder la place à des matériaux de remplacement. Immuable dans le recours aux ingrédients insolites, après les coquillages et coquilles d’huitre, il se tourne cette fois vers les coquilles d’oeufs et le plastique.

Si l’usage veut que le résultat s’appelle encore « béton », il n’en a pourtant plus que le nom.

Coquilles d’œufs

Il existe d’autres coquilles (que celles des coquillages) produites en abondance par l’industrie agro-alimentaire : les coquilles d’oeufs. Ici aussi, leur récupération apporte une réelle valeur ajoutée en termes de recyclage et d’émission de carbone.

Le projet Eggshell (Proyecto de Huevo, en espagnol) porté par le studio de design mexicain MANUFACTURA s’est lancé dans la recherche d’un produit innovant et circulaire en alternative au béton. Les chercheurs ont mis au point une pâte à base de coquilles d’œufs et l'ont transformée en éléments modulaires par impression 3D. Après séchage, les blocs obtenus de formes et de formats différents peuvent être assemblés par emboîtement pour réaliser un mur ou encore une colonne, les deux auto-stables.

La matière première est abondamment disponible. La consommation annuelle mondiale s’élève à 1 000 milliards d’œufs.

 

Plastique

Au tour du plastique avec Marc Dib aux commandes de Neolitik, une startup déterminée et ambitieuse. Après avoir recyclé du plastique en porte-clé, il trouve plus intéressant d’élargir sa vision au secteur de la construction avec EcoLithe, une pierre qui n’a rien de géologique mais tout de la recup. L’objectif était de mettre au point un mélange innovant permettant de réaliser un revêtement de sol en dalles similaire à des dalles de béton … sans béton !

Grâce aux prix remportés dans des concours et aux fonds qui les accompagnent, il axe sa recherche sur un matériau de substitution deux fois plus léger et plus résistant composé de polymères et de minéraux. Le concepteur annonce récupérer 1,2 tonnes de plastique pour 100m² de dalles. Par la suite, rien n’empêche d’envisager son utilisation dans des applications traditionnelles non structurelles du béton comme des briques de parement, des tuiles ou encore du mobilier urbain.

Le produit est entièrement recyclable et Marc Dib se fait fort de récupérer les dalles usagées pour les réincorporer dans son processus de production. Le marché est encore confidentiel et expérimental mais son extension est prévue cette année après labellisations.

 

Cet article, loin d’être exhaustif, clôt le cycle des parutions sur le béton circulaire et bas carbone.

Faut-il encore le rappeler, la facture initiale CO2 du béton est lourde, notamment à cause de ses composants :

  • sable, gravier, … dans l'extraction et le transport;
  • ciment pour le processus de fabrication.

L’impact sur son empreinte écologique est immédiat et il n’est pas réjouissant. Mais, vous avez pu le constater, beaucoup d’efforts sont réalisés pour l’améliorer tant au niveau des émissions que de la participation à des boucles vertueuses d’économie circulaire. Quels que soient les qualités et les défauts de ce matériau, son image se retrouve parfois pénalisée par les éclaboussures d’un marketing prégnant et empreint de greenwashing.

Pour relever le défi de la décarbonation, le béton innove grâce à l’audace et aux efforts des scientifiques. De nombreux projets sont en cours ou encore à venir et ce, mondialement. Leurs conclusions sont attendues avec impatience.

 

Autres articles :

Sources :
- « Bioceramics: from eggshell waste and algae to biodegradable art », Cynthia Nudel, 06/02/2023, www.designboom.com
- « EggBricks : l’invention d’une brique en biocéramique, un matériau de construction à base de coquilles d’œufs », Nathalie Kleczinski, 09/03/2023, www.neozone.org
- « Neolitik, la start-up qui transforme le plastique en béton », Emilie Wood, 26/09/2022, www.batirama.com
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